Aujourd'hui, on s’entraîne ! [PV Nuage d'Antan]

<< Entrainement >>

La saison froide était à présent bien entamée. Les feuilles mortes jonchaient le sol humide de la forêt. En sortant de la tanière des guerriers, une légère brise s'engouffra dans mes poils. Encore a moitié engourdie par une longue nuit de sommeil, je me dirigeais tant bien que mal vers le tas de gibier où je ne pris qu'une toute petite proie, a cause de mon manque d'apétit. Après mon repas j'entamai un brin de toilette, en pensant à la journée qui m'attendait.
Je songeai aux différentes options qui s'offraient à moi. Après les avoir toutes passées en revue, j'optais pour celle qui me rendait la plus heureuse : un entraînement avec mon nouvel apprenti. L'entrain des apprentis m'avait toujours fait rêver. À cet instant, de merveilleux souvenirs d'entraînements déferlèrent en moi. Après quelques minutes plongée dans ces souvenirs, je repris enfin mes esprits.

J'entrepris alors d'aller annoncer à Nuage d'Antan sa nouvelle journée d'entraînement. Trottinant jusqu'à la tanière des novices, je sentais le doux parfum de l'hiver. Cette senteur me rappelait tant de choses ! Pourtant familière, elle était toujours synonyme pour moi d'aventures passionnantes et excitantes. D'une humeur exceptionnelle, j'allai réveiller le novice en douceur. Je fis de mon mieux en tous cas pour ne pas le brusquer, bien qu'un réveil ne soit jamais agréable. Je sortis ensuite de la tanière des apprentis, en prenant garde à ce que Nuage d'Antan soit bien réveillé.

Assise devant le refuge de l'apprenti, je me demandais s'il préférerais une journée de combat ou de chasse. Je ne le connaissais presque pas, à cause du fait qu'il venait d'arriver dans le camp. Mes réflexions furent quelques fois interrompues par les salutations de mes coéquipiers qui se réveillèrent a leur tour. En voyant le minou me rejoindre devant la tanière, je m'exclamai, enjouée par la journée en perspective :

« Bonjour Nuage d'Antan ! Comment vas-tu aujourd'hui ? »

Sans pouvoir retenir mon enthousiasme et sans même lui laisser le temps de me répondre, je repris :

« Tu es prêt pour une journée d'entraînement ? »

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Mon interlocuteur semblait légèrement perdu. Je ne compris bien sûr pas pourquoi, jusqu’à ce que le minou m’adresse enfin la parole :

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"Je vais bien, merci... Lune Amoureuse c'est bien cela ? Je ne sais pas si je peux vraiment être prêt, je ne sais pas ce qu'est une journée d'entraînement"

Evidemment… Comment vais-je pu être aussi bête ? Je me désolais moi-même. Devant la gêne de Nuage d’Antan, je tâchai de paraître rassurante. Je ne saurais probablement jamais ce que le fait d’être nouveau dans le clan fait, et c’était bien pour cela qu’il fallait que je reste sur mes gardes. Je souriais doucement, en répondant :

« Ah oui, c’est vrai. Je suis désolée, je n’ai pas l’habitude. Je pensais que l’on t’avait expliqué. »

Je fus soudain gênée à mon tour. Afin que mon explication soit cohérente, je décidai de tout reprendre depuis le début :

« En tant qu’apprenti dans le clan, tu vas devoir apprendre la chasse, du combat, et aussi de toute l’organisation de la vie du clan. Je sais, sa peu paraître effrayant dit comme cela, mais c’est en fait très simple. C'est une grande étape avant de passer guerrier. Tout les combattants sont passés par là. Moi, je m’appelle Lune Amoureuse. Notre chef m’a confié ton apprentissage. Pendant quelques lunes, je vais te montrer des techniques de chasse et de combat. Aujourd’hui, par exemple, je vais t’emmener au niveau des frontières, afin que tu te familiarise bien avec les odeurs des autres clans, bien que je pense que tu les ai déjà senties. »

Je marquai une pause, surtout pour savoir si le matou suivait mes explication, qui, je m’en rendais bien compte, pouvaient être un peu hasardeuses. Etant donné que la plupart de mes pairs étaient natifs d’au moins un des clans, je n’avais jamais eu à expliquer l’organisation de celui-ci… Et je me rendis compte que je n’avais non plus jamais posé de question. A cet instant précis, je me sentis bête… Je me rendis compte que j’avais suivie toute ma vie le chemin de mes ancêtres. Le pire de tout, c’est que je ne savais pas si je devais en être fière ou honteuse. Je mis soudain fin à ces pensées absurdes. J’étais fière de mon clan, fière de ma famille.

Après cette courte pause, qui, je l’espérais était passée inaperçue, je me ressaisis et prononças ces mots, de la voie la plus amicale qu’il me fut donné de prendre :

« As-tu des questions ? N’hésite surtout pas, je suis là pour ça ! »

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Après un court moment de réflexion, le matou s’exprima :

"Combien il y a-t-il de clans ? Et, comment sont les relations entre ces clans ?"

« Nous sommes 4 clans à nous partager la forêt. Le nôtre, le clan de la rivière, partage des frontières avec celui du vent à gauche, et du tonnerre, à droite. Il y a ensuite le clan de l’ombre, qui commence de l’autre côté du chemin du tonnerre. Ces deux clans partagent donc une frontière, qui est marquée clairement par le chemin du tonnerre. Bien que nous soyons quatre clans sur terre, il existe aussi un clan dans les cieux qui héberge tous les défunts combattants. Le clan de nos ancêtres. Nous l’appelons le clan des étoiles.  »

Avant de répondre à sa question suivante, je dus prendre un instant de réflexion. Il y avait une grande différence entre la façon dont les apprentis voyaient le monde et celle dont les guerriers le voyaient. Cela était loin d’être aussi simple qu’une simple règle.

« Eh bien… Je dirais qu’elles sont plutôt bonnes. En ce moment, au moins. Néanmoins, nous ne sommes jamais à l’abri d’un événement perturbateur. Je veux dire que si, par exemple, un de nos marquages au niveau de nos frontières n’était  pas bien renouvelé, il se pourrait que les autres clans en profitent pour empiéter sur notre territoire pour chasser, ou établir son nouveau marquage un peu plus loin sur nos terres. »

Je me rendis tout à coup compte que nous n’avions pas bougé depuis le début de notre conversation. En faisant signe au novice de me suivre, je me dirigeai vers le tas de gibier, afin qu’il puisse prendre des forces pour parcourir le long chemin que nous allions faire durant cette journée. Je restai d’abord quelques instant avec lui, puis lui expliqua qu’après son repas, je l’attendrais a la sorti du camp, pour lui faire découvrir notre territoire.
Je n’avais rien à faire pendant ce temps, mais je tenais à laisser le novice seul, afin qu’il crée des liens avec tout le clan, qu’il apprenne à découvrir chaque guerrier. En lui souriant, je me retournai donc, et trottinai jusqu’à un groupe de guerrier, avec qui je restais quelques instants. Je me mis ensuite en tête d’aller au bord du clan, attendre Nuage d’Antan, qui ne devait plus tarder à finir son repas.

En attendant son arrivée, je m'allongeas dans l'herbe fraîche. Le camp avait déjà bien commencer a ce lever, et je regardais les félins s'agiter comme des fourmis. Sans que je ne sache vraiment pourquoi, un élan nostalgique me survint. Je me rappela mon envie, dans mon jeune âge, de liberté. J'aurais voulus partir de ce camp, être mon propre chef. Mais qu'aurais-je fais ? Je me rends compte, maintenant, que ces pensées étaient de terribles erreurs. Depuis que je suis devenue guerrière, j'ai compris une chose : je ne serais rien sans eux. Ce clan, que j'avais toujours connu, et qui m'avait toujours soutenu était ma famille. Je les aimais tous autant. Du plus ancien matou au plus jeune des chatons. Être dans un clan, c'est la plus belle vie qu'un félin puisse avoir.

L'arrivé du matou me fit sortir brusquement de mes pensées.

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Après ma reprise de conscience soudaine, je pus remarquer que le matou se tenait assis devant moi. Il me fixa. Un peu gênée devoir été aussi absorbée par mes pensées, je me levai en souriant chaleureusement. Tout en commençant à m'éloigner du camp, je lui demandai de me suivre. Je me mis soudain à accélérer légèrement ma foulée, histoire de tester l'endurance de mon nouvel apprenti, mais aussi de ne pas perdre de temps, car le retard que nous avion pris en discutant pourrait bien nous faire rentrer après la tombée de la nuit, et que je ne voulais pas d'une première journée éprouvante pour Nuage d'Antan.

A quelques mètres du camp et au bout de quelques secondes de silence, je me décidai à lui en dire plus sur la vie des clans :

« Tu as surement dû te rendre compte que chacun était indispensable à la vie du clan. Je vais commencer par te parler des chatons. Il n’y a pas grand choses à dire, mais tu dois savoir que ceux-ci sont contraints de rester dans la pouponnière jusqu’à leur baptême d’apprenti. Ils ne peuvent pas sortir du camp, cela est bien trop dangereux. Les apprentis, eux, sont nommés dès qu’ils ont six lunes. Il leur est attribué un mentor, chargé de lui transmettre son savoir. Ils doivent effectuer des missions, comme, par exemple retirer les puces et les tiques aux vétérans. Les guerriers, ensuite, doivent offrir leur puissance au clan. Ils respectent le code du guerrier tout au long de leur vie. »

Consciente que mes explications commençaient peut-être à être floues pour lui, je lui laissai quelques instants pour assimiler les informations. Après ce petit moment de silence, je lui demandai :

« As-tu des questions par rapport à cela ? »

Je ne voulais pas le brusquer. De toute façon, nous avions bien assez de temps pour poser toutes les questions qui lui passait par la tête. Je tournai brusquement la tête vers lui, et le regarda d’un air tendre. J’étais si fière d’avoir un nouvel apprenti ! Bien sûr, j’en avais déjà eu avant, mais c’était toujours une si grande fierté ! Un frisson parcourut mon échine pendant que je m’imaginais les différents scénarios possibles quant à son baptême de guerrier. Même si celui-ci n’était surement que dans un moment, je n’avais jamais réussis à vivre le moment présent. Contrairement à certains qui se remémore sans cesse le passé, moi, je ne faisais que vivre pour l’avenir. Je me demandais ce qui était le plus stupide... Les deux devaient surement l’être. Je repris promptement confiance en moi, et mon espoir se transforma en certitude : Nuage d’Antan deviendra un grand guerrier.

Je souris en y repensant. Je me demandais aussi si mon mentor avait eu cette même éspérence a mon égard. Je me doutais bien que oui, mais il avait pourtant été si froid au début... Me rappeler son visage m'attrista. Son pelage noir, ses yeux clairs... Tout cela me manquait terriblement ! Durant les premières lunes de mon entrainement, Patte Sombre avait été si froid. Heureusement, il avait fini par s'ouvrir, et les mois qui ont suivis ces longues lunes fastidieuses furent les meilleures de ma vie d'apprentie.

J'avais totalement oublier la présence du novice, si bien que rien, cette fois, ne stoppa l'élan mélancolique de ces pensées.

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Quelques secondes passèrent encore sans qu'un miaulement ne vienne troubler le relaxant bruit de nos pas sur des tas de feuilles mortes.

- "Pourquoi sommes-nous quatre clans dans la région ? Ne pouvons-nous pas tous nous réunir ?"

Je m’apprêtais à ouvrir la bouche lorsque soudain un matou se montra. Je ne pus retenir mon étonnement lorsque je d’découvris Nuage Acide à nos côtés. Que faisait-elle donc là ? Passé cette réflexion de premier ordre, je m’aperçus que cette novice portait, autour de sa tête, un bandeau comme ceux que son mentor Épine de Hérisson avait l’habitude d’utiliser. J’en restais bouche bée.
Portant sur elle un deuxième regard plus approfondi, je me rendis compte de son air contrarié et de ses yeux emplis de rages qui se portaient sur moi. Plus les secondes s’écoulaient, et moins je comprenais la situation.

- "Je comprends maintenant, ta fade réaction face à mes avances. Et bien tu sais quoi, tu peux rester avec elle. Cela ne me fait ni chaud ni froid !"

L’apprentie guérisseuse commença à bander ses muscles, comme pour m’attaquer. Comprenant que, malgré le fait que cette histoire ne s’annonçait pas en bonne posture pour moi, elle ne me regardait en rien, je m’assis. D’un naturel très pacifique, je ne prêtais aucune attention à cette querelle.
Cependant, soudain, quelque chose me frappa de plein foulait. Nuage Acide avait décidée de devenir guérisseuse. Pourquoi faisait-elle faire des avances à Nuage d’Antan alors que leur relation ne mènerait de toute évidence qu’a de la privation ? Je jetais aussi tôt un coup d’œil à la scène, tout en me redressant. La petite apprentie semblait toujours sur la défensive à mon égard. Les griffes sorties, les muscles bandés, elle semblait prête a m’attaquer. Bien qu’ayant reçus un entrainement des plus complexes et mon baptême de guerrière depuis bien des lunes et que  je n’eus pas peur de l’impact, je tentais de calmer le jeu. D’un ton ferme ambré d’un petit air d’agacement, je lui suggérai :

« Nuage Acide, tu devrais de calmer. »

Je n’exprimai pas mes inquiétudes par rapport à l’idylle possible des deux novices de peur de ne pas avoir tout compris. Je m’inquiétais pour Nuage Acide, cependant. J’avais moi-même eu le cœur brisé a cause d’un amour impossible avec un guérisseur. Ce souvenir fut l’un des rares qui me laissait froide. Ma blessure c’était totalement refermée, mais je ne pus que me souvenir la douleur que cela m’avait procurée. Plongeant mon regard dans les yeux bleutés de l’apprentie, je tentai de percevoir la raison exacte de sa jalousie, et attendais la réponse de mon apprenti.

Je me rendis soudain compte de quelque chose : le petit ne me voyait sans doute qu'a moitié, ou même pas du tout. Je décréta alors que Nuage d'Antan était le plus calme des deux jeunes, et lui demandai que m’expliquer la situation.

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