surprise à la pêche

Je ne m'étais pas trompé, c'était bel et bien une odeur de poisson. Ah, le bruit apaisant du cours d'eau... Cette rivière était parfaite pour une petite pause avant de reprendre l'exploration de ce territoire... peut-être trop parfaite ?

J'avais pris l'habitude de pêcher chez les Loups, n'ayant pas l'habitude de manger de gibier de grandes tailles. Je m'approchait du ruisseau, léchant mes babines en pensant à la chair fraiche qui tombera bientôt sous mes crocs.
Couché, le nez au dessus de l'eau, guettant le moindre mouvement. Un coup agile, mais trop brusque... Une prochaine fois...
Un bruit ? Je tourne la tête... mon imagination surement... Je me concentre... Encore raté !
Décidément, c'est pas ma journée, après m'être perdu voilà que je meurs de faim face à de stupide poissons !

Changement de position, je remonte un peu plus loin, je monte sur un caillou au milieu du courant. Calme, l'esprit vif, je regarde les poissons remonter le cours d'eau. Un coup de patte puissant et vif, j’envoie mon futur repas sur le bord, je saute dessus, il est à moi !
Je plante fièrement mes crocs dans ma proie, dégustant cette chaire si particulière... Un bruit ? Je tourne la tête, mais je suis en plein soleil, je vois avec difficulté dans les buissons... Mon poisson tente de s'échapper, je me couche à moitié sur lui, mais soudain quelque chose surgit de derrière moi !

Je courais une nouvelle fois, traversant la barrière du vent sous ce ciel d'Automne. Le soleil resplendissait sur la lande et m'enveloppait de son aura protecteur. Dès lors, je sentis sur mon échine la douce brise du matin et le rude clapotis de l'eau frappant sur le gibier. Prise d'un soupçon de dégout, je m'arrêtai un instant sur mes gardes. Le poisson, c'était donc ça. Quel être détestable et répugnant...

Je m'avançai vers le buisson qui longeait la rive, l'odeur me donnait des hauts le cœur. Ne savant pourquoi, je pris un instant d'analyse avant de me dire : *Je vois, c'est ainsi qu'est le courant, il capture l'air afin de nous redonnez de nouvelles odeurs fraiches et plus concentrées." Je crois que c'est la première fois que je pressentais les vagues sur ma fourrure, la rivière devait être plus agitée que d'habitude.

Je frétillais sur place, s'il y avait une chose dont je me souciais, c'était de mal finir. Il n y a aucune raison ! Me dis-je intellectuellement. La dernière fois, c'était un rêve, et là c'est de l'instinct, c'est différent. Je trainais autour des buissons d'épines, ne sachant comment m'y prendre pour traversée, lorsque j'entendis un plongeons maladroit et ce qui semblait être le juron émise d'une voix... Familière.

Curieuse, je mis ma patte à la pâte, c'est à dire dans la barrière de feuille, ce qui fit un bruit effroyable. Prise d'un grand stresse, je l'enleva distinctement et me figea au sol, clouant mes deux membres avant sur mes oreilles félines. Saloperie.Un écureuil passait par là au même moment. Je sortis mes griffes et le pris à revers, l'étranglant sous mon faible poids. Il émit un cris d'autant plus horrible, qu'il avait à lui seul, alerter tout les animaux de la forêt du danger qui les guettaient. Désolé jeune inconnu, je crois que tu viens encore de rater ton diner.

Me croyant déjà repérée, je me tortillai à la manière agile d'un serpent, sous l'obstacle qui se tenait devant moi, trainant mon trophée dans la gueule sur le sol humide. Quelle idée de trainer là, tout cela est aussi digne qu'une cervelle de souris... Je pris une grande respiration et sautai. Bien entendu, il me fallu atterrir derrière lui. Je lâchai ma proie dans la gueule, en baissant la tête. D'un coup, je crachai le surplus de poil qui m'étouffait maintenant... Je dus faire un gémissement ignoble mais, faisant mine de ne pas m'en soucier, je l'accostai :

- "Hey toi ! Alors... *crache* ... Il s'était retourné et mes yeux se croisèrent aux siens.
Mais... Mais je te reconnais... ?"

C'était un chat, de petite taille, qui crachait comme si elle s'étouffait...

"Hey toi ! Alors..." commença-t-elle, nos regards se croisaient, je la reconnaissais... "Mais... Mais je te reconnais ?"

Ami ou ennemi ? Je me souviens d'elle... Acide si mes souvenirs sont bons...

"Nous nous sommes déjà rencontré Acide" répondis-je en m'allongeant tranquillement sur le sol, tentant de la rassurer
"Que fais-tu ici ?" lui demandais-je

Le pelage noir, sa tâche blanche au niveau du cou et ces yeux... Ces mêmes yeux ombragés ne pouvaient appartenir qu'à une seule personne, mais qui ?

- "Nous nous sommes déjà rencontré Acide, que fais tu ici ?"

Sa voix... C'était donc lui. Il s'était maintenant assis proche de moi, laissant le poisson de côté, agonisant. Je lui fit par de ces mots :

- "N'as-tu aucune pitié, il faut les achever ces pauvres bêtes ! je m'approchai de lui.
Tsuki ? C'est plutôt à moi de te demander ce que tu fais là !

J'étais soulagé de revoir une connaissance, la solitude de mon errance devenait pesante.

"N'as-tu aucune pitié, il faut les achever ces pauvres bêtes !" dit-elle en s'approchant de moi
Tsuki ? C'est plutôt à moi de te demander ce que tu fais là !"

Elle avait l'air tendu, peut-être ne devrais-je pas être ici ? Je plantais mes griffes dans la tête du poisson, et d'un geste nette et précis, le décapitait.

"Et bien... Je me suis perdu, je ne sais pas où je suis, et en ce moment je prend mon repas, veux-tu un morceau ?" lui répondis-je poliment.

Je me remise droitement, faisant attention à la posture que je prenais face à lui. Ses gestes brusques et instinctifs pouvaient m'être fatale, étant donné la différence de taille qui nous séparaient. D'un mouvement calme et serein, il ôta sa patte du sol visqueux pour y sortir ses griffes sous mes yeux. Il ne lui fallu pas plus de temps pour les planter dans l'épouvantable créature qui se tenait près de lui. Un poisson comme qui dirait. J'émis un léger sourire de côté, essayant avec peine de masquer ma frustration. Mais lorsque je vis le sang gicler, je me reculai aussitôt. Cet acte était encore plus choquant que l'animal en lui même. De mes yeux ronds je le regardai, attendant qu'il poursuive :

- "Et bien... Je me suis perdu, je ne sais pas où je suis, et en ce moment je prend mon repas, veux-tu un morceau ?"
- "Non... Non merci Répondis-je instinctivement. D'un ton plus neutre je continuai,
Comprends-tu, j'ai un écureuil avec moi, qui lui a encore sa tête. Il faut que je l'apporte à mon clan pour le nourrir, voudrais-tu le voir ?"

Cela me fit étrange de m'entendre dire ça, si les "Autres" savaient, ils me tueraient et prendraient cela comme un acte de traitrise, mais avec lui, comment pourrais-je faire autrement ? Mes yeux cillèrent et je baissai la tête.

- "Le clan bien sûr, pas l'écureuil..."

"Non... Non merci" Répondit-elle. Peut-être n'aime-t-elle pas le poisson ?
"Comprends-tu, j'ai un écureuil avec moi, qui lui a encore sa tête. Il faut que je l'apporte à mon clan pour le nourrir, voudrais-tu le voir ?" Elle baissa la tête et continua "Le clan bien sûr, pas l'écureuil..."

Je fis un sourire devant ce jeux de mots, mais au fond de moi, ce mot "clan" évoquait d'anciens souvenirs... Il fallait bien que je passe par cela pour rencontrer d'autres félins... Et puis, peut-être que ceux la ont bon fond ? Je pris une grande inspiration... puis répondis finalement.

"Et bien... je fini ce poisson et je t'accompagne" Ne lui laissant même pas le temps de répondre, j'avalais en quelques instants mon repas et assouvissait ma faim.

Je tremblais de tout mon corps, tant de souvenirs, d'émotions et d'incompréhensions... Le voilà en face de moi, l'être qui m'avais donné le plus de rêves, mais mon regard restait fade et sans affection. Peut-être que tout cela changerait, une simple mauvaise passade, si ce n'était pas de la pure timidité. Mais mon cœur me disait qu'il m'avait laisser me débrouillé seule, alors que nous étions tout deux destinés à être ensemble... Mes pupilles dilatées étaient tristes et pleines de remords. Je m'avançai vers le large lorsqu'il parvint à me dire :

- "Et bien... je fini ce poisson et je t'accompagne"

Je continuai mon avancée, hochant la tête, pensant que tout cela tarderait. Mon reflet était présent dans les vagues. Voyant tout cela bouger, je fis un grand effort sur moi même pour rester calme, mais l'eau me donnait le mal de mer, rien qu'en le regardant. Je me retourna quelques instants. Le visage de Tsuki avalant la bête inerte d'un coup me donnait la nausée, et la rivière était de trop. Je pris soigneusement le temps de mâcher les tiges d'une fleur à l'odeur âcre, avant de lui dire :

-"Je vois que tu as fini, vient avec moi..."

J'allai de l'avant d'une démarche peu élégante, le stresse m'avait pris et mon ventre me faisait mal. Je venais à peine de remarquer que je n'étais pas vraiment présentable, du fait d'avoir été autant atteinte de cette maladie... Je me mise à courir, les larmes dans le vent, l'écureuil dans la gueule. Au fond de moi, j'espérais seulement que nous faisions le bon choix.

Je ne sais pas ce qu'est un comportement "normal" pour une femelle, à vrai dire, je n'ai plus beaucoup de souvenirs de femelle chat... Aussi, je ne serais dire si son côté fuyant fait partie de sa personnalité ou bien si je ne suis pas à ma place.
Quand bien même, j'étais comme... fasciné ?

"Je vois que tu as fini, vient avec moi..." Elle semblait pressée de partir.

Tant de questions... Que c'était-il passé depuis notre dernière rencontre ? Comment était cette tribu ? Pourquoi son visage me parait si familier ? Pourquoi mange-t-elle toujours de l'herbe ?

"Tu as l'air fatiguée, veux-tu que je porte ce lapin pour toi ?" parmi toutes mes questions, ce fut celle que je prononça à voix haute.

le vent berçait le vent, les arbres fuyaient leurs propres pelages pour ne pas se blesser, ressentaient-ils de la douleur ? J'imaginais en courant l’apparence de ces végétaux devenir marin et poissonneux. Dès que le volume sonore des mouvements de la rive se furent tût, je commençai à redevenir paisible et calme comme de la braise glacée. La salive tombait à l'idée d'avoir entre mes crocs une sphère de feu et de glace, mais il n y avait que de la chair pullulante qui ne me donnait guère envie de la mâcher. Je sentais que ce chat sombre et massif me suivait, heureux soit-il, cet fois-ci il ne décida pas à se dérober. D'un air sage et sympathique, il me proposa :

- "Tu as l'air fatiguée, veux-tu que je porte ce lapin pour toi ?"

- "C'est mon lapin... Grognais-je étrangement,
Mais je veux bien..."

Je le laissai tomber par terre et m'en allai une nouvelle fois de l'avant, mon but, marcher une nouvelle fois jusqu'au campement.

"C'est mon lapin... Mais je veux bien..." J’eus l'impression qu'elle... grognait ? En même temps, prêter son repas n'est pas évident, je comprend.

Après avoir pris son fardeau entre mes crocs, nous reprîmes la route, route que elle seule semblait voir. Depuis que l'on avait quitté le ruisseau tout me paraissait nouveau, et loin d'être désagréable ! Ces odeurs, toutes cette Nature... Je comprend que son clan vive près de lieux comme celui-ce, il y fait bon vivre.

Elle semble également avoir un sens de l'orientation... Mais alors que je la suis depuis quelques temps, voici que je remarque que son pelage... Est étrange... Une question de plus à ajouter à ma longue liste. Je resterais silencieux jusqu’à la fin du voyage, je dois tenter de mémoriser le chemin.

Ma tête se frayait parmi les ronces. J'étais d'une petite taille, chose peu facile lorsqu'il s'agissait de s'orienter. Le seul avantage que je pouvais mettre à mon profit, était à la rigueur celui de me faufiler dans les petits recoins sombres et inaccessibles de la forêt.

Je ne détournai pas mon regard, refusant de lui parler, continuant ma lancée. De sauts adroits et précis je me mise à traverser la rivière les yeux fermés. De plats rochers étaient tapissés sous le fleuve et il suffisait simplement de s'élancer agilement dessus pour y passer. J'étais maintenant face au clan, mais n'osait pas pénétrer ces terres. Je fis volte face le museau touchant sa truffe humide et lui demandai :

- "Quel est ton choix ? Avancer ou reculer ?"

Elle était sur de son chemin, on devait se rapprocher du clan, il était temps, ma curiosité grandissait à chaque pas. Mais... Je serais incapable de retrouver le chemin... J'ai encore beaucoup à apprendre...
Elle s’arrêta soudainement, fit volte face et me dit :

"Quel est ton choix ? Avancer ou reculer ?"

Nos museau se touchaient, et nos regards se croisèrent un instant... Je détournai le miens, puis pris le temps de réfléchir. Un nouveau départ... Peut-être ce Clan pourrait être comme une Meute ? Je senti son impatience, je répondis en prenant un ton léger :

"De toute façon, je serais bien incapable de retrouver ma route, allons de l'avant !"

Finalement Tsuki... [Suite au campement]