Miaou ! Fin

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© Credit (Thelasthope&Cripsow)

Regardez ma fourrure...
Elle est lisse et soyeuse, quand ma cervelle ordonne à ma langue de me nettoyer. J'ai les poils plutôt courts, crème partant vers le roux. Souvent je traine dans la crasse, ne faisant pas attention à mon apparence. Mon crâne est doté de yeux, d'une truffe, d'oreilles affutées et de moustaches. Je possède d'autres attributs mais il n'est pas nécessaire d'en parler, n'est-ce pas ? Je suis d'une taille tout à fait respectable, mes yeux sont verts, je crois, à moins qu'ils ne tournent vers le jaune. Bref, voyez de vous même, l'habit ne fait pas le moine.

 ... Mais ne vous fiez pas aux apparences...
Je suis particulièrement peureuse, mais une frayeur me hante parmi toutes : les gens de ma propre espèce. Pour pallier à ma grande timidité naturelle, je cherche à tout prix un moyen de communiquer avec la nature. Adoratrice des fleurs, mais plus particulièrement des arbres, je ne cesse de leurs parler pendant des heures, espérant ainsi avoir une réponse de leurs parts. Quand cette solitude devient trop forte, je cherche à nouer des liens avec des êtres vivants qui peuplent les lieux, haïssant bien évidemment la violence et la guerre. Très curieuse, mon caractère fait que j'enfreins souvent les règles, sans le désirer. Pour moi, chaque chose est important, et mérite son lot de gloire, même s'il s'agit d'un être insignifiant aux yeux de tous. 

... Je cache un passé certain.


Histoire :

Premier son, et une vision portée vers le monde qui m'entoure... Par un regard aveugle. Tout me semble drôle, peut-être légèrement hypocrite, mais je me sent incroyablement seule. La truffe humide, j'inspecte mon duvet chaud et réconfortant, ma maman. Je la trouve gentille de me donner un peu de sa chaleur, moi qui me trouve si éloignée. Je rampe jusqu'à m'extirper de mon nid. Des crocs aiguisés tels des aiguilles me prirent atrocement la peau du cou. Je tombe, me fais mal, puis reste figée. Atroce dilemme que de choisir entre vivre et souffrir ou mourir, première question existentielle de mon infime existence. Je renifle, déjà enrhumée. Je suis triste de ne pas être pas née avant, triste que mes yeux n'aient pu se porter vers un autre ciel que celui-ci.

[Flashback]Mes yeux s'ouvrent devant deux nouveaux nés, un immense rond jaune m'empêchant de profiter pleinement de la vue qui m'est offerte. Je crache par terre sur le sol amère, à côté de deux personnes plus grandes que moi.

- "Ça y est ! Tes chatons ont finalement ouverts les yeux. Vois-tu, il n y avait pas de quoi s'inquiéter. Je reviens tout à l'heure, repose toi en attendant."
- "Bien."
Je regarde les intrus, d'un air étrange et complexé. J'essaye de m'enfuir mais l'on me prend par la peau du cou.
-"Reste là petit garnement, vous sortirez plus tard !"
je n'ai nullement envie de sortir, mais que fais-je là ? Qu'est-ce que ces reflets multicolores ? Moi qui ne vois que du blanc depuis ma naissance ? Je veux retrouver ma vision d'antan.

Cela fait maintenant une lune que l'on m'empêche de sortir, j'en ai marre de devoir obéir aux ordres que l'on m'impose, et je ne suis pas faite pour vivre ici. Si l'on m'y force encore une fois, alors je resterais les yeux fermés à jamais ! Ma maman me regarde durement car je fais la tête, mais c'est ainsi. Je retente de partir, mais on me retient. Combien de temps vais-je rester ici ? Tant pis, je ferme les yeux.

Maman a commencé à s'inquiéter au bout de la deuxième lune, je ne sais pas pourquoi. Elle est parti voir l'autre matou en hâte, lui disant que j'avais refermer les yeux et que cela faisait une lune entière. Celui-ci m'a regardé, essayant de les ouvrir tout en faisant attention, mais j'étais réticente. Pendant ce temps là, ma sœur était heureuse de pouvoir entendre, pas moi.

Qu'est-ce qui ne va pas avec moi ? Ma maman refuse de dormir, elle me surveille nuit et jour. Pourtant je grogne et lui fait comprendre que cela ne sert à rien. J'ai l'impression qu'elle s'en moque. Au bout de la troisième lune, elle a laissé les deux autres s'en aller dehors. Elle a essayé de me parler, mais je suis aussi têtue qu'un écureuil. Énervée, elle m'a mise dehors avec les autres, je ne m'amuse pas, j'ai l'impression que mon frère et ma sœur croient que si.

Les jours passèrent et on a joué ensemble. J'ai mimé ma gaité, refusant d'ouvrir les yeux. Des jours interminables sous la chaleur de cette sphère enflammée. Les autres s'amusent comme tout les autres chatons, moi je me sens comme un poids pour la famille.

Et puis une nuit comme les autres, ma maman a pris soin d'être silencieuse. Elle m'a emporté loin d'ici, ne pouvant voir mon visage rayonner. Devant une porte en bois, elle m'a déposé. Pour la première fois de ma vie, je lui ai souri. [Flashback]

Je suis restée deux longs mois allongée au près de ma mère adoptive, mes yeux s'ouvrant pour la deuxième fois, comme s'il s'agissait d'une feinte de mauvais gout. Le monde était sombre à l'extérieur, et beau à l'intérieur. Quand je regardai l'espace, je me trouvais sur une douce peau de bête, peut-être semblable à la mienne, et les couleurs variaient entre le bleu et le rouge. Dans tout les cas, je pouvais être sûre qu'elles étaient toutes plus vivent les unes que les autres ! Mais lorsque mes yeux se portaient vers un objet transparent, m’obligeant ainsi à observer le monde urbain dans toute sa terrible lassitude, l'autre face me paraissait bien fade.

- "Pourquoi maman, des chats vivent de l'autre côté, alors que nous sommes si bien ici, loin de toute cette grisaille, partout ?"

-"Question stupide ne mérite pas de réponse."

Coupée dans mon élan, je repartis bredouille... Après tout, personne de ma famille n'évoquait ce sujet. Je fis un pas en avant :

- "Hérisson", puis à chaque mouvement, je reprenais :
"Herbe
"Haricot
"Horrible
"Hermine
... Puis ne trouvais plus aucun mot. *Chaque geste méritent d'être félicités, ils nous sont plus fidèles que n'importe qui... Et si ce n'était pas par moi, alors par qui le seraient-ils ?*
Je continuai mon petit parcours, cette idée dans la tête. Je fredonnais à longueur de journée des noms, des adjectifs pour tout ce qui n'était pas qualifiable.  

Puis un jour de glace, un jour où de cette baie vitrée se distinguait, non plus du gris, mais du blanc ! Je décidais enfin à m'aventurer à l'extérieur, là où tout semblait si grand, si... Hors du commun. Je pris l'initiative de me faufiler à travers la chatière, la barrière était enfin brisée. Je crois que j'avais six lunes à cette époque là. Une fois la première patte sur la terre gelée, je me suis de suite retrouvée à même le sol glacé. Pourquoi, oh maman, étais-je toujours aussi douée qu'au premier jour de ma naissance ? D'une curiosité sans faille, je regardais les bipèdes vagabonder avec des fourrures surnaturelles. Parfois cela leur donnait un air noir avec des chapeaux pointus et des nez fourchus, parfois cela ressemblait plus à un cucurbitacée orange qu'à autre chose.  

Prise d'une folie soudaine, je me risquais à mordre gentiment la douce fourrure en tissus d'un passant. Il était accompagné d'autres jeunes personnes, semblables aux deux sans-poil qui gardaient ma grande maison. Soudain, l'un d'entre eux me pris par le dos avec ses mains gigantesques.

-"Lâ... Lâcher moi !"

Mais il ne le fit pas. C'était avec une peur inouï que je continuai à me débattre, le corps suspendu dans le vide. Il avait approché mon corps du sien, et il me semble qu'il voulait m'étouffer ainsi. Je suffoquais, mon cœur battant plus vite que son ombre. Je croisai mon regard au sien, mais hélas, que voulez-vous que je fasse ? Interloquée, je restai pétrifiée face à ces sans-cœur, et à leurs soifs de souffrance. Me sentant faible et terrifiée, je n'avais que le temps de voir l'un disparaître pendant que l'autre me pris pour me balancer contre un arbre. La nuit s'achevait dans d'atroces rires et des cris d'épouvante.

Mes yeux s'ouvrirent enfin devant ce ciel sans couleur. Rien ne me semblait beau dans ce gris monde, de l'autre côté de la fenêtre. Mais ce dégout profond me hantait maintenant, assez pour ne plus revenir à la maison. C'est avec lassitude que je me lève maintenant, pour retomber ensuite sur le dur sol de plomb, gris. Déséquilibrée, je sentis sur mon dos un poids incertains.

- "Le blanc nous aspire dans ce mauvais rêve. Il est un appât, et j'en suis la proie... Je... Je crois que je hais le blanc."

Je me ressaisis et vis un bout de ficelle trainé dans la neige. L'étincelle dans mes yeux n'était plus rouge, mais bleue. Quand je parvins à reprendre mes esprits, je commençai à m'agiter, voulant enlever cette chose sur mon échine, en vain. Déroutée, j'abandonnai bien vite, le regard emplie de tristesse et de haine. Arrêter de vivre pour le simple bien de l'écosystème. Si je ne rentre pas chez moi, je mourrais. Tout cela parce que le monde ne veut pas voir un chat sans un bipède. Il n y a que les meilleurs qui survivent, me disaient ma mère, mais elle ne m'a jamais dit que je faisais parti des meilleurs.

- "Elle ne m'a jamais soutenue
- Tu n'en valais pas la peine
- Elle ne m'a jamais aimée
- Pourquoi t'aimerait-elle ?
- Parce que je...
- Parce que tu n'es rien, elle ne t'aimera pas.
- Mais je vis !
- Tu crois ?"

Il est néfaste de parler à soi-même, mais il l'est encore plus quand personne ne veut de toi. Je commence à comprendre mon entourage, il n y a pas pire qu'être seul, pour être vulnérable. Je pris enfin sur moi pour me maintenir en place. Le poids devenait insupportable, mais avec un peu d'habitude, j'arriverais à marcher normalement. Je ne quittais pas des yeux le fil qui me suivait à chacun de mes pas. J'essayais de voir la gène, mais je n'y arrivais pas.

Quand enfin mes yeux se tournèrent, c'était pour voir une souris poussiéreuse me filer sous le nez. Je vis dans son regard de l'étonnement, tant et si bien qu'elle aussi s'est arrêté pour me regarder. Voyez-vous dont, un être vivant de lui même, m'admire moi. Moi qui ne suis pourtant rien sans un bipède pour me lorgner le dos.

Je me pris d'amitié pour cette souris, même si ce n'était pas réciproque. M’apprêtant à lui tourner le dos, une boule noir se jeta sur elle, ses griffes lui transperçant la nuque. Le cœur brisée, je la regardai jusqu'à ce qu'elle expire son dernier soupire.

- "Vous êtes un sans-pitié !

Il se retourna grommelant, celui-ci ne semblait pas m'avoir vu. D'un coup il écarquilla les yeux, s'agenouillant de suite devant moi.

- "Regarde cette pierre... Tu as des ailes, tu es un ange, tu es notre sauveuse, celle que nous attendions tous !"

Je levai les yeux vers lui, encore plus surprise que qui-conque. Qu'est-ce qu'un ange ? Sûrement une espèce d'oiseaux... Il me prenais donc pour une proie ? Je regardais le cailloux noir de jais, il avait une forme spéciale, mais sans plus. C'était un fou, ni plus ni moins. Regardant de nouveau les fils qui pendouillait sur mon échine, l'idée que ces jeunes bipèdes m'est ligoté à des ailes, me vint tout d'un coup. C'était idiot, mais maintenant, cela me paraissait réaliste.

- "Votre sauveuse ? Ah... Laissez moi partir..."

Il se mit en travers de mon chemin, bien déterminé à me convier au festin avec ses amis. Entrouvrant le passage d'un arbuste grillé par le soleil, il me dit de s'assoir parmi eux. Tous les visages se dirigeaient vers moi, et tous avaient la même expression, de l'inquiétude poursuivi d'une étrange joie collective.

- "L'ange nous sauvera de l'eau !" Avaient-ils crié en cœur. S'en était trop, n'était-il pas possible de pouvoir être considérée normalement ?

- "Dit... Il y en a beaucoup qui vivent ici ?"
- "On est huit, pourquoi ?"
- "Sans bipède ?"
- "Bipède ?"
- "De personne pour vous aider ?"
- "Non, seulement huit."

Je le voyais d'un air nouveau. Notre race n'était donc pas vouée à l'échec. C'était une fabuleuse nouvelle, du moins, si c'était vrai.

- "Et... Que vous est-il arrivé ?"
- "Des traitres, rien de plus. Ils nous ont ensevelie sous l'eau, et nous sommes huit à avoir survécut. On espère que tu nous sauvera."
- "Oh euh... D'accord..."

Mon choix était fait. Je ne pouvais pas rester une nuit de plus parmi ces dégénérés. Lorsque le crépuscule tombera, je m'en irais...

Le jour venait à peine de se lever, et je n'avais même pas pris la peine de me réveiller pour m'en aller. Malheureusement, il va falloir que je paye d'une journée supplémentaire en leur sein. Je pris le temps de me dégourdir les pattes, et quand j'ouvris les yeux, trois chatons étaient là, devant moi. C'était vraiment des... Petits chats. Désintéressée, je les ignoraient et tentai tout de même de partir. Un mystérieux félin blanc se porta devant moi. J'avais beau lui sourire, son pelage m'horrifiait. Il planta ses griffes dans ma pattes.

- "On a besoin de toi, alors tu restes."
- "D'accord, d'accord, ça va..."

Une flaque de sang gicla, un peu de rouge vif sortant d'un corps qui n'était pas encore souillé pas le gris. Le gris, le blanc, et le noir sont des couleurs néfastes pour ma santé. Je regardais les alentours. Il fallait vite que je dorme, pour que cette journée passe le plus vite possible, mais le blanc venait de resurgir dans mes sombres rêves.


- "Alors comme ça on fait la grasse mat' ?"
- "N'y ai-je pas le droit ?"
- "Pas si tu veux survivre."

Je le regardais froidement, il ne plaisantait pas. Grognant un peu, je me mise debout sans hâte. Le voyant me pousser vers la bande, je lui faisant comprendre que je pouvais me débrouiller seul. Ses yeux étaient froids et nonchalant. Sentant l'ambiance honorifique qu'il m'était porté par les autres, je fus tout de suite gênée. Que pouvait-il m'arriver de pire ?

- "Viens novice, nous avons une épreuve à te faire passer."
Je sentis directement l'embrouille se former. Le poil hérisser, je reculai, mais ils me bandèrent le visage avec un vieux bout de chiffon et quelques feuilles sèches.
- "Ne t'en fais pas, nous voulons juste nous assurez que tu es bien celle que nous cherchons."
- "Mais... Mais puisque je vous dit que je ne suis pas..."

Ils m'emmenaient vers un endroit incertain. Le sol craquait sous mes pattes et pour une fois dans ma vie, j'avais vraiment peur. Le poil hérissé, ils me disaient des mots doux à l'oreille, des paroles étrangères pour me rassurer. Par instinct, je sentis le vide à quelques mètres de mois. Ils voulaient voir si je volais !

Sentant la menace, je parvins à me hisser jusqu'à l'issu la plus proche. J'étais au sommet d'un foyer de sans-cœur, plus blanc que gris. Là commençai l'errance, une errance sans parvenir à retirer ce bandeau de ma tête. Mon pourcentage de chance de survivre était infime, et j'en était privée de voir les couleurs qui bordaient le paysage dans lequel je me trouvais. C'était un grand manque, mais je me suis servis de mon flair pour voler les sans-cœur du coin, ils étaient idiots et peu agiles. Cela devait être une vengeance personnelle après tout.

Et là, du sol caillouteux je découvris un doux sol, comme ceux que je voyais dans mes rêves devenus gris. J'essayais avec peine de me remémorer mon pelage, mais il me semblait dénoué de couleur, tout cela remontait trop loin dans mon enfance. A l'aveugle, je m'avançais en ne reconnaissant aucune odeur. Tout était si différent ! J'avais l'impression d'avoir franchi le seuil d'un autre monde. Avais-je une nouvelle fois passé à travers un objet transparent, sans m'en être rendre compte ?

[Fin (En attente d'un premier RP pour décider réellement de la place de mon chat dans la forêt)